Ce roman, ayant pour thématique la seconde guerre mondiale et particulièrement le camp d’Auschwitz, est paru hier, 25 octobre, aux éditions City. J’ai eu la chance de le découvrir en avant première dans le cadre de mon partenariat 2023 / 2024 avec la maison d’édition. Merci encore pour cet envoi.

Le nombre de romans sur cette thématique fleurit en librairie ces derniers temps. Il n’est donc pas évident de se démarquer et d’écrire un roman différent, qui traite de ce sujet, sans pour autant que le lecteur ait une sensation de déjà vu. Alors comment ce roman de Siobhan Curham s’en est-il sorti ?

Quatrième de couverture

Lorsque les portes du wagon s’ouvrent, Claudette réalise qu’elle est arrivée en enfer. Auschwitz est un monde d’une infinie noirceur où le quotidien est rythmé par la peur, la violence, la faim et la mort. Autrefois romancière à succès à Paris, Claudette décide d’utiliser son talent de conteuse pour combattre l’horreur du quotidien et ne pas dépérir. Chaque soir, avec les autres déportées, elle invente des histoires, des récits qui font voyager et rêver, loin, très loin de l’horreur de leur quotidien. Claudette se fait aussi une promesse. Elle doit absolument survivre pour, un jour, après la guerre, pouvoir raconter les histoires des hommes et des femmes qu’elle a rencontrés dans cet enfer. Elle sera la voix de toutes ces vies étouffées, car une personne dont on raconte l’histoire continue de vivre à jamais…

Extrait

Prologue

Dans chaque histoire digne de ce nom, le héros tombe à terre à la fin. Je connais ce procédé, je l’ai utilisé dans chaque roman que j’ai écrit. Ensuite, bien sûr, il trouve en lui une force insoupçonnée qui l’aide à se relever une dernière fois et à terrasser le dragon. Dans cet endroit misérable, au bout de la ligne de chemin de fer, au bout de l’humanité, couchée sur ma paillasse, j’ai écouté les gardiennes brailler les mots que je ne supportais plus d’entendre – « Raus ! Schnell ! » –, et j’ai su que j’avais atteint ce stade dans l’histoire de ma vie.

La conteuse d’Auschwitz – de Siobhan Curham, éditions City – 25 octobre 2023

Mon avis

Lors de ma lecture de ce roman, j’avais un peu peur de retomber dans une énième lecture sur le sujet, bien que le résumé de la quatrième de couverture m’ait attiré justement car il semblait différent. Je ressors de cette lecture plutôt séduite, par plusieurs aspects.

Tout d’abord, l’histoire. J’ai été convaincue car ce roman de fiction est inspiré de faits réels, ce qui rend l’histoire d’autant plus convaincante et proche de la réalité. Cela lui confère un aspect sérieux et documenté. L’autrice ne cherche pas à minimiser les horreurs de la guerre ni les traitements réservés aux Juifs par les Allemands, la dureté des camps de concentration et particulièrement celui d’Auschwitz.

Le lecteur suit les aventures de Claudette Weil – surnommée Etty, par ses amis – une écrivaine juive qui va décider, par le plus grand des hasards de la vie, de mettre en lumière les atrocités commises par les Allemands. Son inspiration va être exacerbée par sa propre expérience puisqu’elle va elle-aussi rejoindre les camps de concentration, notamment celui d’Auschwitz, où elle va être emmenée à un moment de l’histoire. Le roman se met d’ailleurs en place petit à petit, l’autrice plantant le décor du roman et l’environnement de vie de Claudette. Cela donne une petite longueur au début du roman, car tout commence réellement lorsqu’elle va comprendre que la dureté des Allemands va désormais l’empêcher d’exercer son métier (qui est aussi sa passion) : écrire des romans. Son éditeur lui annonce que, compte-tenu de sa religion, il ne va plus pouvoir la publier. Cette nouvelle va la mettre à terre, mais ce n’est rien comparé à toutes les épreuves qui vont l’attendre.

De manière générale, l’histoire est bien écrite et m’a totalement transportée dans cette période. Le plume est fluide, les détails sont suffisants pour se projeter et imaginer l’environnement, sans pour autant alourdir l’histoire, qui se lit vraiment bien. Les chapitres, de taille normale, donnent également du rythme au roman.

Les personnages que l’on rencontre sont assez différents les uns des autres mais, pour la plupart, ils ont un point commun : leur religion – ils sont juifs – qui les a conduits au pire, à l’enfermement dans les camps. Ils vont alors perdre confiance en leur dieu, et en leur foi.

Plus qu’une simple histoire se déroulant durant la seconde guerre mondiale, ce roman est vraiment centré sur les camps de concentration et sur les Juifs. Siobhan Curham va au-delà du simple récit de la vie dans les camps. Elle apporte des éléments et un regard nouveaux : au travers de sa passion pour les mots et de son imagination, Claudette Weil va permettre à de nombreuses femmes avec qui elle se retrouve enfermée, de garder espoir. Par-delà les atrocités allemandes, l’imagination et la pensée positive sont autant d’armes qui permettent de survivre. Quelques histoires « de tradition juive » sont également présentes dans le roman et dispensées par Solly (un vieux monsieur juif). Celles-ci sont pleines de sagesse et de bon sens. Elles vont d’ailleurs être reprises en situation par Claudette, lors de ses soirées de contage, au camp d’Auschwitz.

Enfin, pour le côté romancé, l’autrice a glissé plusieurs histoires d’amour au sein de son roman, ainsi que de véritables amitiés, qui se sont liées dans la difficulté et l’horreur. Petite mention spéciale pour la fin du roman : je n’y croyais plus, mais les dernières lignes m’ont vraiment ravie ; j’ai été émue aux larmes, car l’adversité et la barbarie allemande n’ont pas triomphé sur ces jolies histoires.

En bref

Une très bonne lecture qui témoigne de l’horreur des camps de concentration et des atrocités perpétrées par les Allemands à Auschwitz. Ce roman de fiction, inspiré de faits réels, met en lumière les conditions de vie au travers de l’histoire d’Etty, une romancière juive. Grâce à sa passion des mots, elle va redonner de la lumière aux femmes déportées. Un joli roman porteur d’espoir.

17 / 20

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