Première fois que je me plonge dans un roman d’Eric-Emmanuel Schmitt. Pour ce faire, j’ai choisi ce court roman, vivement recommandé par Maïté, de l’excellent blog MademoiselleLit.
Ce roman est parfait pour me familiariser avec la plume de l’auteur, puisqu’il ne compte que 75 pages. Je l’ai donc lu en une soirée. Je pense qu’il est idéal à lire d’une seule traite, pour ne pas perdre le fil ni les éléments essentiels qui le constituent.
Quatrième de couverture
Paris, années 1960.
Pour échapper à une famille sans amour, Momo, un garçon juif de quatorze ans, devient l’ami du vieil épicier arabe de la rue Bleue.
Mais les apparences sont trompeuses : Monsieur Ibrahim n’est pas arabe la rue Bleue n’est pas bleue, et la vie ordinaire peut-être pas si ordinaire…
Extrait
À onze ans, j’ai cassé mon cochon et je suis allé voir les putes.
Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d’Eric-Emmanuel Schmitt – édition Livre de Poche
Mon cochon, c’était une tirelire en porcelaine vernie, couleur de vomi, avec une fente qui permettait à la pièce d’entrer mais pas de sortir. Mon père l’avait choisie, cette tirelire à sens unique, parce qu’elle correspondait à sa conception de la vie : l’argent est fait pour être gardé, pas dépensé.
Il y avait deux cents francs dans les entrailles du cochon. Quatre mois de travail.
Un matin, avant de partir au lycée, mon père m’avait dit :
— Moïse, je ne comprends pas… Il manque de l’argent… désormais, tu inscriras sur le cahier de la cuisine tout ce que tu dépenses lorsque tu fais les courses.
Un roman philosophique, court mais percutant
Cette initiation à l’écriture de l’auteur a été une bonne surprise et une lecture plutôt agréable. Le roman est court. Très court, même, ce qui contribue également à une lecture rapide et d’autant plus fluide.
On y suit Moïse (dit « Momo »), jeune adolescent en manque d’amour, qui subit l’indifférence de son père et se frotte aux prémices de l’âge adulte car, dès les premières pages, il veut devenir homme. Curieux de nature, il va trouver du réconfort et des réponses à ses questions auprès de Monsieur Ibrahim, l’épicier de la rue voisine. Très vite, c’est plus qu’une amitié qui va naître entre eux, au-delà des préjugés de notre société actuelle. L’épicier va aider le jeune garçon a mieux comprendre la vie, à faire de meilleurs choix. Il va avoir un impact positif sur sa vie et devenir en quelque sorte son « père spirituel », qui va lui enseigner les choses de la vie.
Ce court roman est d’ailleurs à visée philosophique, bien que celle-ci soit amenée de manière très fine et que le lexique employé dans le roman soit parfois un peu cru (comme c’est le cas dès les premières pages, dont vous avez un extrait plus haut).
Les deux personnages principaux sont profonds et apportent la réflexion voulue par l’auteur à l’écriture de ce roman. Chacun d’eux évolue au fil des pages, Momo avantage que Monsieur Ibrahim. Ce qui est, somme toute, logique puisque le vieux monsieur a déjà vécu… Et, malgré le peu de pages de ce roman, l’auteur a su faire transparaître leurs caractères et leurs aspirations. Chapeau à lui !
Enfin, Eric-Emmanuel Schmitt a su faire passer un message de société dans un style fluide et agréable, loin du pompeux de la plupart des romans à visée philosophique. On est davantage dans un récit moderne, porteur des thèmes actuels, en dépit de sa parution datant de 2001.
En bref
C’est donc une première approche réussie, qui m’a donné envie de poursuivre ma découverte de la plume et des romans courts de l’auteur. D’ailleurs, si vous en avez à me conseiller, n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire sous l’article.